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RAPPORT DE MISSION A MADAGASCAR 17 AOÛT AU 20 SEPTEMBRE 2013 Denise CASOURRET, Christiane LOPEZ

17/08/13 : Nous nous retrouvons Gare de Lyon dans l’après-midi, chargées comme des bourriques et contentes de partir enfin. Taxi pour Orly. Corsair a commencé tôt son enregistrement, nos bagages sont à refaire (Un seul bagage en soute, 23kg max et un bagage à main, 10kg max, par personne) et seront préenregistrés. Nous sommes 7 GP à attendre et nous serons tous embarqués. A bord, la chef de cabine viendra nous offrir un verre de champagne et nous remercier pour toutes les actions réalisées pour Aéropartage. Ah, ça fait du bien ! Vol sans souci jusqu’à Mayotte, escale et problème technique qu’il faut résoudre et enfin arrivée à Tana le 18/08 avec 3h de retard. Nous avons dû payer un visa (gratuit pour 30 jours), passage de douane sans douanier. Banque et ORANGE à l’aéroport, puis on prend la navette de l’aéroport pour aller dans notre hôtel réservé de France, le Saint Antoine. Impossible d’aller chez les sœurs du Cénacle : leur nouvel établissement est complet depuis 1 mois. Il ne fait pas chaud à Tana et pourtant les moustiques sont offensifs ; heureusement, nous avons apporté une quantité impressionnante de répulsif !

19/08/13 : Après une nuit réparatrice bien que rythmée par des assauts de moustiques, les bruits des voisins et de la rue, nous commençons nos RV par une visite aux sœurs des Bons Pasteurs qui nous attendaient depuis la veille ! Retrouvailles chaleureuses avec la supérieure, sœur Nirmala, échanges de nouvelles, point sur les projets et réalisations : - L’aménagement récent à Antsirabé d’une maison destinée à la formation, sur un ou 2 ans, d’une douzaine de jeunes femmes souhaitant entrer dans la vie religieuse (cours de psychologie, sociologie, premiers soins médicaux, etc.) mais aussi travail sur la réalité de leur motivation. Il est vrai qu’à Madagascar comme dans les pays pauvres, la vie religieuse permet une vie décente… – La création du centre de rééducation pour adolescentes délinquantes, en partenariat avec Sentinelles, sera officialisée en octobre prochain lors de la réunion internationale de la congrégation. Nous sommes invitées à diner jeudi soir à la congrégation ainsi nous rencontrerons toutes les sœurs revenues de vacances, de brousse et de mission. Nous leur avons laissé 2 énormes sacs de vêtements d’enfants (9-12 ans) pour le centre Fihavanana, géré par sœur Annamma.

Puis nous passons par l’hôtel Le Bretagne où nous étions l’an passé ; il est ouvert, n’a pas répondu à notre demande de résa car l’établissement a changé de propriétaire, va changer de nom et le mail n’était plus valable. Bien sûr l’hôtel a une chambre beaucoup plus grande, mieux adaptée et plus calme qu’au St Antoine. Nous nous y installerons demain.

Passage par le cyber café local pour donner des news à tous. Nuit bruyante et piquante !!!

20/08/13 : Installation au Bretagne avant le rendez-vous avec Pp à Sentinelles. Accueil chaleureux de toute l’équipe. Nous remettons : 2 gros sacs de matériel d’éveil pour les bébés incarcérés avec leurs mamans (nous l’avions promis), une dizaine de DVD (dessins animés, encyclopédie encarta, etc.) et quelques bouquins destinés au foyer de garçons, âgés de 6 à 9 ans, prêt du disque dur externe de Denise contenant plus de 150 films, et 300 chansons françaises pour enregistrements, un gros dossier contenant de la documentation professionnelle à l’usage des éducateurs et assistantes sociales, de Sentinelles et du tribunal pour enfants. La Direction de Sentinelles, faute de ressources, a dû fermer 2 établissements, en Afrique et Amérique du Sud. Les budgets restants ont été répartis et Pp a comme consignes d’investir sur des actions culturelles ou qui améliorent le quotidien des jeunes et familles pris en charge par ses Services : outre l’achat de TV et lecteur DVD, la construction et l’aménagement de 2 bibliothèques (au centre et au foyer de garçons), l’association développe davantage de séjours de loisirs et activités ludiques pour les enfants. Ce sont des Jésuites, propriétaires des lieux, qui louent à prix raisonnable les locaux à Sentinelles et n’hésitent pas à faire les travaux et agrandissements nécessaires. Un atelier extérieur vient d’ouvrir ; il accueille ponctuellement des jeunes en recherche de projet professionnel, est équipé de machines à coudre et machines à tricoter achetées à bas prix aux entreprises fermées à cause de la crise dans les zones franches de Tana. Une formation en couture, broderie, vannerie, tricot y est dispensée ; chaque jeune y est accompagné individuellement jusqu’à son entrée dans la vie professionnelle ou en formation plus qualifiante. En prison, Sentinelles peut cette année assurer un repas quotidien à toutes les femmes, majeures et mineures, incarcérées, en plus de la ration de manioc pourri fournie par l’Etat.

Sentinelles a aussi la mission d’accueil des enfants atteints d’handicap (particulièrement les pieds bots et becs de lièvre) et les accompagne vers les structures médicales appropriées si une intervention est possible. Une équipe chirurgicale réunionnaise vient chaque mois opérer gratuitement les enfants à l’hôpital de Tana.

Notre amie Pp nous incite à regagner notre hôtel rapidement vers 11h : une manif de soutien est organisée par les partisans de Ravalomanana, éliminé dans la course au pouvoir (ainsi que Ratsiraka, Rajoelina et 5 autres candidats) par la Cour Electorale Spéciale. Tout le monde semble craindre des débordements. Après-midi rédaction, remplissage de dossiers, prises de RV, courriers mail, etc. En fait il ne se passera rien, à 17h, la police et l’armée lèvent le camp.

21/08/13 : Retour à Sentinelles pour récupérer le disque dur de Denise et notre grosse valise vide. Le centre est rempli de gamins, de familles, en attente de soins, d’entretiens avec les assistantes sociales et d’aide alimentaire. Pp nous organise les visites prévues pour les 3, 4 et 5 septembre prochain. Passage au cyber café local pour imprimer les dossiers de demande de volontaire et du cursus d’adoption (à la demande d’Eliane Roumagne de l’association « les mains ouvertes »). L’impression de documents, tout comme le papier et l’encre coûtent très cher à Madagascar. Nous avons aussi investi dans des kits scolaires pour les enfants de Sentinelles (48600 Ar soit moins de 20 Euros) et commençons les premiers achats d’artisanat pour Aimer Vercors.

Passage à l’ambassade de France pour nous déclarer ; accueil beaucoup moins sympa que l’an passé, pas moyen de rencontrer quiconque (chargés d’éducatif, culturel ou social). Les RV ont à prendre directement sur site. On nous indique tout de même le Centre Médico- Social de l’Ambassade où nous irons demain nous renseigner sur la nécessité d’un traitement antipaludéen lors de notre séjour sur le canal des Pengalanes.

Après-midi prises de RV avec Manda Spring, association qui accueille des jeunes métropolitains en séjour de rupture. Rencontre est fixée pour vendredi. Contacts avec EDS et Aimer Vercors : notre amie Hanta, désormais directrice EDS Antsirabé, sera disponible en début de semaine : nous décidons de partir dimanche 25 à Antsirabé pour 8 jours. Contact avec Célia que nous verrons début septembre. Passage à Océane aventure : Vincent Desobry est absent, nous lui laissons un message avec notre tel…

22/08/13 : Nous trouvons le CMS de l’ambassade de France. Ce centre médico- social est essentiellement réservé au personnel de l’ambassade mais accepte de nous recevoir quand même. Le médecin nous recommande le MALARONE et nous fait gracieusement une ordonnance : l’est de Madagascar est désormais classé à l’année « zone à risque ». Puis banque, Orange, cyber café et tour au marché d’Andravoahangy l’après-midi pour quelques achats pour Aimer Vercors. Il y a très peu de touristes à Tana, aucun sur le marché. Les prix de la vanille et des épices ont doublé, l’artisanat est pratiquement absent faute de fonds, l’ambiance est morose. Les gens ne cessent de nous mettre en garde contre les pickpockets et autres risques ; nous restons sur nos gardes.

Dîner chez les sœurs des Bons Pasteurs : toutes sont là, c’est très sympa. Nous parlons projets et politique bien sûr ; la situation actuelle de Madagascar les inquiète certes, mais les évènements en Syrie et Egypte contre les églises et les religieux les affligent d’autant que certaines ont été auparavant en poste au Moyen Orient. C’est le prêtre du Lycée St Michel, invité comme nous par les sœurs, qui nous raccompagne en voiture à notre hôtel.

23/08/13 : RV à 10h avec Farid, Fondateur et Directeur de MANDA SPRING, structure française établie à Madagascar depuis 3 ans. La structure accueille des adolescents français en séjour de rupture pendant 9 mois. Le Centre est au sud, dans un quartier résidentiel, à 20 km du centre-ville. Les jeunes dépendent de l’Aide Sociale à l’Enfance essentiellement d’Essonne et Région Parisienne, et depuis peu de la région Rhône-Alpes (PRADO). 40 personnels travaillent pour cette structure, la majorité est malgache. Les jeunes sont placés ici dans des familles d’accueil en brousse. Le contact avec l’Institution, locale et en métropole, est étroit, via téléphone et surtout Skype. Les jeunes peuvent à tout moment interrompre leur séjour en brousse pour consulter, à la « maison mère de Tana, le médecin ou le psychologue du Centre. Chaque jeune réalise, dans le village où il est hébergé, une action solidaire qui portera son nom. Aucun problème majeur n’est à signaler jusqu’alors. Les candidatures des jeunes sont sélectionnées sérieusement en amont et le jeune doit être volontaire pour l’expérience. Une thèse universitaire sur le bilan après trois ans de fonctionnement de la structure est disponible sur le Net, au regard de ce que sont devenus 40 jeunes ayant vécu ce placement éloigné de leurs origines.

Au niveau organisationnel, Farid est secondé par un Directeur malgache, plus particulièrement chargé des relations publiques, des procédures et démarches administratives locales : Manga Spring a obtenu, relativement facilement, 2 ans d’agrément de fonctionnement, renouvelables. Elle travaille en lien étroit avec d’autres institutions de protection de l’enfance, de formation professionnelle notamment AÏNA, que nous avons prévu de rencontrer plus tard (association réunionnaise).

Fin d’après-midi cyber et contact avec sœur Maria qui nous reçoit demain vers 14h.

24/08/13 : Matinée orange, cyber, organisation de notre semaine à Antsirabé. Puis rencontre avec sœur Maria dans sa congrégation de carmélites. Accueil très chaleureux, sœur Maria est ravie de voir des représentantes de FVPD et nous avoue s’être inquiétée pour Hélène dont elle n’avait aucune nouvelle. Le bâtiment de la congrégation est immense, très bien entretenu, situé sur les hauteurs de Tana face à la vieille ville. L’établissement accueille 1350 élèves de la maternelle au brevet et 70 jeunes filles de 13 à 19 ans en formation professionnelle couture, broderie, tricot. Les machines fournies par FVPD fonctionnent toujours très bien ! 19 jeunes filles, en formation « école ménagère »ont toutes réussi cette année. Une quarantaine d’enseignants travaillent dans l’établissement ; tous sont catholiques mais laïcs. Les scolaires sont en majorité les enfants du quartier. Une cantine, gratuite pour les plus démunis, accueille 200 scolaires en sus des jeunes filles en formation qui aident à l’encadrement des plus jeunes. Un dispensaire parfaitement fonctionnel accueille tout patient. Le médecin qui intervient est spécialisé en pré et post maternité mais est amené à prendre en charge tout type de maladie y compris les soins psychiatriques, de plus en plus fréquents selon sœur Maria. Les vaccins sont fournis par l’OMS et la vaccination est gratuite. Les produits pharmaceutiques de base sont achetés à l’OPHAM, l’archevêque de Tana distribue aussi quelques médicaments fournis par CARITAS. Le dispensaire a 2 lits d’hospitalisation et oriente sur l’hôpital en cas de nécessité ; la congrégation prend généralement à sa charge les frais d’hospitalisation. Sœur Maria ne nous a fait aucune demande particulière. Elle nous a assuré qu’elle ferait une prière spéciale pour Hélène, pour notre président Monsieur Maillot et pour tous les membres de FVPD. Nous avons pris quelques photos et sœur Maria nous a demandé d’en donner une à Hélène en particulier.

Fin d’après-midi visite de l’hôtel Niaouli, recommandé par une connaissance, car nous cherchons un lieu plus calme en soirée. Nous nous y installerons au retour d’Antsirabé.

25/08/13 : 1Oh, taxi brousse « de luxe » direct Antsirabé en 3h30, pause lunch comprise. Hanta, Directrice EDS et Pascal, chauffeur, nous attendent au « stationnement » (gare routière) avec le véhicule des EDS. Installation au DIANTANA ’hôtel, centre diocésain voisin des sœurs de Fatima, à mi-chemin entre CAT Aimer Vercors et village EDS ; sommaire mais propre, eau chaude solaire (il fait froid et le ciel est couvert !), restauration sur commande, wifi (tous les serveurs connectent, sauf orange, le nôtre, bien sûr !).

26/08/13 : le véhicule EDS nous prend à 9h30. Visite à Tiavina, le petit garçon hémiplégique opéré cette année grâce à Aimer Vercors. Don à sa maman de la part d’Anny Grandclément de 30 Euros soit 80 000 Ar pour démarrer une nouvelle activité professionnelle (fabrication et vente de samosas). Le gamin va bien et sera à nouveau scolarisé à l’école du coin avec ses frères et sœurs à a rentrée d’octobre. Puis visite au CAT d’Aimer Vercors : ça travaille bien, les commandes sont nombreuses. Des anciennes pensionnaires sont rappelées pour prêter main forte en broderie et couture. En cette période d’été, quatre femmes et 13 enfants sont présents. L’accueil est ici aussi très chaleureux. Nous remettons les cadeaux prévus par Anny Grandclément. La monitrice de crèche est très présente, souriante et active. L’ambiance est plus détendue que lors de notre dernier passage. Lunch en ville à notre QG : l’arche. Puis visite à la congrégation des « petites sœurs de l’évangile ». Sœur Nella est en Italie pour deux mois ; c’est sa remplaçante, sœur Agnès, qui nous reçoit avec beaucoup de sympathie. Sont présentes deux dames françaises que nous avions rencontrées l’an dernier avec leurs conjoints. Les deux couples vivent à Antsirabé depuis leur retraite ; elles ont ouvert un centre qui distribue un repas par jour à 80 personnes âgées (mamabé et dadabé, grand-mère et grand-père) démunies de la ville. Sœur Agnès nous ouvre l’atelier fermé après un cambriolage et nous pouvons accomplir quelques achats pour Aimer Vercors. A notre demande, sœur Agnès a cherché dans les comptes de la congrégation trace des 350 euros alloués par FVPD lors de la dernière AG : nulle trace du versement de la subvention. Nous en réfèrerons à Michel Jibault. Ensuite visite aux EDS ; beaucoup d’enfants sont en vacances dans leurs familles. Ceux des villages et des deux CAT sont regroupés pour des activités de loisir l’après-midi. Actuellement, ils réalisent des fresques sur les murs d’enceinte du village ; chaque foyer peint son logo, souvent celui du donateur. Visite à l’atelier de spiruline : la production est suffisante pour couvrir les besoins des EDS. En ce moment, le bassin produit 500g de spiruline conte 3 kg en saison chaude. Un jeune y est actuellement en formation. Tout est bien entretenu, le responsable se montre soucieux de la bonne marche de son atelier.

27/08/13 : Visite à l’AFFD (Aide aux Femmes et Filles en Détresse). Deux foyers sont ouverts en temps normal, foyer Elisabeth et foyer Victoire. Ils existent depuis 2006 sous la responsabilité de deux « mamans ». Après plusieurs années de placement nécessaires pour une insertion sociale et professionnelle réussies, la plupart des jeunes filles reviennent dans leurs familles. 22 jeunes filles au total, âgées de 13 à 17 ans sont suivies en temps normal, avec formation scolaire et professionnelle sur place. Actuellement, 4 d’entre elles bénéficient d’un parrainage. Visite ensuite du CAT Vironneau : il accueille des mères avec enfants plus 6 personnes âgées hébergées dans un espace de vie qui leur est affecté (cuisine, salle à manger, chambres). Le CAT a visiblement un très bon programme de prises en charge intergénérationnel. Le CAT offre les traditionnelles activités de formation (couture, broderie) mais aussi un très grand espace de jardinage. Nous apprendrons le lendemain qu’un des dadabés est décédé : nous n’y sommes pour rien, on vous le jure ! Puis visite de notre site de pisciculture : les bassins sont actuellement en cours de récurage et d’assèchement, l’alevinage recommencera progressivement dès mi-septembre et le retour des beaux jours. La production a été bonne, certains carpes ont pesé jusqu’à 1,6kg. Les carpes sont appréciées de tous car les malgaches savent les cuisiner. Le nouveau foyer construit au bord du bassin est magnifique. Il accueillera 2 étudiants, 4 jeunes en formation d’aquaculture et maraichage, et 6 enfants d’un foyer EDS. L’installation des jeunes est prévue pour ce 1er WE de septembre. La plus grande partie du mobilier a été offerte par des étudiants de Centrale venus en stage. Le jardinage autour du bassin produit bien ; actuellement, en période froide, il y a brèdes et salades. Les bananiers ont pris un coup de gel et on ne sait s’ils survivront. Des pourparlers sont en cours pour l’achat du terrain voisin proposé à 20 Euros le m2, ce qui est énorme pour Madagascar. Néanmoins, le terrain est intéressant car bien situé. Le mur d’enceinte sera bientôt orné d’une fresque au logo de FVPD. En soirée, visite au CAE (Centre d’Accueil et d’Ecoute) de Aimer Vercors où les enfants des rues de moins de 10 ans sont hébergés à partir de 17h30 jusqu’à 8h le lendemain. Nous le trouvons plus accueillant que lors de notre dernière visite : les murs ont été repeints et décorés et un joli potager a été aménagé. Trois petites filles de 4 à 8 ans et six garçons de 3 à 10 ans y sont accueillis ce soir. L’éducatrice est seule en poste, ce qui nous semble problématique compte tenu de l’évènement dramatique survenu l’an dernier (suicide sur place de l’éducateur). Le personnel éducatif des EDS en convient mais n’ose pas l’exprimer. Nous le ferons à l’occasion de notre rencontre prévue à Tana avec Madame Irène, Déléguée Générale des EDS de Madagascar. De 20h30 à 22h30, nous participons à la « maraude de nuit ». Hanta, Directrice, a tenu à nous accompagner avec l’assistant social et le chauffeur. Nous avons arpenté les rues de la ville et les points stratégiques : marchés, abords de la gare routière, etc., soulevé les plastiques des abris de fortune et questionné sur le nombre d’enfants présents et la situation des mères. L’éducateur et Hanta proposent des rendez-vous à EDS pour étudier les possibilités d’accueil en CAT, faute de place disponible aux villages d’enfants. Les situations rencontrées nous ont ébranlées ; partout le passage des professionnels d’EDS est bien accueilli même si la plupart des familles à la rue préfèrent leur condition de vie dans l’espoir de… A chaque tournée, les AS sont confrontés à des situations nouvelles de familles arrivées de brousse venues chercher en ville une vie meilleure. Nous avons relevé la situation d’un père et sa gamine de 6ans qui refusent tout placement, ce qui est très inquiétant d’un point de vue professionnel.

28/08/13 : Matinée cyber et rédaction et visite à ZOB (Zébus Overseas Board). L’entreprise invite à investir dans un PEZ (Plan Epargne Zébu) soit l’achat d’un animal d’élevage à Madagascar (zébu, zébute métisse, cochon) ou dans une charrette, vendu en leasing à un paysan qui remboursera en deux ans maximum. L’acheteur a son certificat de propriété et pourra prétendre, à terme, au remboursement en ariary de son achat, ou bien réinvestir dans un autre animal. Le coût du PEZ est de 100 Ar pour un cochon, 3OO Ar pour un zébu, 6OO pour une zébute métisse, 300 pour la charrette. L’idée est sympa et le projet connait un succès notable. Vous trouverez tous les renseignements sur leur site : www.zob-madagascar.org Puis achat du goûter pour les 100 enfants et personnels des EDS qui organisent cet après-midi une fête en notre honneur. Outre l’hymne des EDS, les enfants de chaque foyer présentent un spectacle ou une danse. Les festivités se terminent avec une danse malgache traditionnelle à laquelle nous participons volontiers avec les adultes du village. Notre goûter (gâteaux et bonbons) a été très apprécié, des petits comme des grands. Notre amie Hanta a copié le disque dur de Denise et désormais elle comme tous les enfants et personnels des EDS pourront visionner des films, des dessins animés, des photos et écouter 300 chansons françaises enregistrées. Au centre DIANTANA, notre hôtel, sont en stage de jeunes pompiers malgaches. Ces professionnels sont venus avec du matériel (camions, lances à incendie et équipement perso) offert par le Conseil Général de la Vendée dans le cadre d’une assistante technique et d’aide aux pays pauvres. Le CG Vendée projette de fournir le même matériel au futur Centre de Secours d’Antsirabé. Denise a copiné avec le responsable de la délégation qui lui a donné le lien avec leur responsable en France.

29/08/13 : RV à 8h30 au « stationnement »de taxi brousse pour un départ à 11h30 ( !) pour Fianarantsoa. 6 heures de route malgache, fatigant ! Installation au Mini Croq de Fianarantsoa, au centre-ville. Hôtel moyen, correct, restauration sur place en soirée.

30/08/13 : Le chauffeur de l’AFFD vient nous chercher à 8h30 et nous amène au foyer « Monique »que nous connaissons déjà. Nous sommes attendues par Madame Jocelyne en l’absence de Directrice, Madame Dannie étant suspendue de ses fonctions depuis 2 mois. Trente jeunes filles, de 12 à 18 ans sont actuellement accueillies, rassemblées sur un foyer pendant les congés d’une des mères. Jocelyne évoque les difficultés relationnelles et problèmes de comportement des filles de 12, 13 ans. Elle ajoute qu’il faut au moins 4 ans de prise en charge pour reconstruire une jeune fille qui a connu la prostitution. Les jeunes bénéficient sur place de scolarité, de formation couture et broderie, de sports et loisirs et plus récemment d’expérimentation de fabrication de briquettes à base d’argile et déchets naturels à usage de combustible. C’est Monsieur Christian, le chauffeur qui guide l’activité, en lien avec Jocelyne, passionnée de nouveauté et de toute activité génératrice de revenus. A partir de 16 ans, les filles peuvent faire des stages professionnels à l’extérieur, essentiellement chez MARZIO, structure crée par un couple suisse qui a monté un atelier de couture à sa propre marque et embauche en priorité des femmes en difficultés. Ces stages permettent d’évaluer le comportement social et professionnel des filles, ainsi les préparer à l’autonomie. Le premier noyau de jeunes femmes sorties de l’AFFD s’est constitué en coopérative. Bonnes brodeuses ou couturières ou encore gestionnaires, elles travaillent soit à leur domicile soit au foyer Monique qui met un atelier à leur disposition. Chacune travaille pour son compte (vérifié régulièrement par Jocelyne) et verse une cotisation mensuelle à une « caisse mutuelle santé »que l’une d’entre elle gère. Les anciennes sont aussi un support éducatif conséquent aux éducatrices et aux encadrantes. L’expérimentation des briquettes est concluante : pour 3l d’eau, mélanger 40% d’argile, 20% de terre rouge, et 40% de déchets de charbon de bois, copeaux de bois, écorces de riz, plantes sèches, etc. On mélange le tout, on roule dans ses mains et cela donne des boulettes compactes qui, après 3 jours et 3 nuits de séchage à l’air, deviennent un combustible très efficace, à moindre coût. L’expérimentation est d’abord domestique, donc faite en petites proportions. La production artisanale de briquette nécessite une broyeuse et une presse ; deux prototypes ont été fabriqués par un menuisier local (600 000 Ar soit environ 300 Euros pour les deux). Reste à construire des moules solides, résistant à la pression. Le PVC utilisé jusqu’alors se casse. Ce projet est très intéressant, tant sur le plan économique qu’écologique. Les jeunes filles y sont sensibles. De plus, la fabrication ne nécessite pas de compétence particulière ni d’investissement financier énorme et est accessible à toute, réalisable dans un espace restreint. Nous avons aussi partagé notre engouement pour les sacs potagers, inventés par Solidarité Internationale. Bien sûr, Jocelyne va essayer. La matinée a passé très vite ; le personnel était aux petits soins, les filles souriantes et détendues. Nous avons fait beaucoup de photos, pour les GARREAU, pour les filles et le personnel du foyer. Nous leur avons donné une clé USB contenant, en sus des photos de cette année celles que nous avions prises de 2011, des photos du four de séchage et du foyer AFFD de Morondava prises en 2012, deux dessins animés et un film rigolo….

L’après-midi, nous allons visiter Le Relais où nous sommes gentiment reçues bien que hors visites hebdomadaires organisées par l’entreprise. Le Relais est d’abord une entreprise française liée à Emmaüs. Elle envoie 15 containers de textiles par mois, par bateau jusqu’à Tamatave. Les containers sont ensuite acheminés à Fianarantsoa par route. Le Relais s’est établi à Madagascar en 2008, créant des emplois essentiellement pour les jeunes. De 15 salariés à sa création, l’entreprise compte actuellement 250 salariés. Outre le tri des textiles et son recyclage, l’entreprise a récupéré l’ancienne usine automobile de l’ancien président RATSIRAKA avec les restants de stock et produit aujourd’hui la première voiture malgache, la KARENJY, en 3 versions (route, 4X4, fourgonnette) équipée de moteurs Renault. Tous les renseignements sont disponibles sur leur site : www.lerelais.mg .

31/08/13 : Journée repos, cyber, banque, rédaction et téléphonie, ouf !

01/09/13 : Retour à Tana. Taxi brousse stand à 7h, départ à 7h30 dans un bolide au chauffeur surexcité. On sera à Tana en 8h30. Arrivée moulues Ce soir on se paie un vrai restau !

02/09/13 : Matinée changement d’hôtel, du Bretagne au Niaouli, dans la ville haute. Cet hôtel nous est conseillé pour son calme, sa vue extra sur la ville et surtout pour sa non fréquentation par de vieux wasas accompagnés de gamines malgaches ! Puis RV avec BSF (Bazar sans Frontière); nous invitons la jeune Julia à déjeuner, entre son stage professionnel, ses cours à la fac et son stage d’anglais. Elle nous amène ensuite chez elle, aussi siège local de BSF. Nous y retrouvons Julie, sa mère, qui nous donne des nouvelles de l’état d’avancement de leurs différents projets, notamment de Manganilla, leur centre de vacances et d’écotourisme. Certains travaux sont en attente de fait de la situation politique locale et nationale. Aucune autorisation administrative ne peut être obtenue actuellement. Un RV vidéo via Skype nous met en relation avec Bernard MURAS et Michèle Grange, fondateurs de BSF qui arriveront à Madagascar 2 jours après notre départ. Compte tenu des soucis de Anny Grandclément d’Aimer Vercors, ils nous proposent non seulement l’accès à leurs dépôt-ventes, à Tana et en France, mais aussi de nous aider à acheminer des marchandises, via des amis et/ou une place dans leur prochain container groupé, ce qui est vraiment très sympa ! Nous faisons nous-mêmes pour Anny le maximum d’achats dans la limite du poids autorisé par Corsair. La jeune Julia de BSF, petit prodige en bac+5 à 21 ans, s’intéresse à notre réseau socio-éducatif sur Tana et ailleurs. Elle se montre enchantée de notre proposition de lui présenter cette année Pp de Sentinelles, Nirmala et Hannamma du Bon Pasteur avec qui elle partage les mêmes valeurs.

3/09/13 : Début de nos trois jours organisés par Pp de Sentinelle. Nous commençons par la visite du Centre de Rééducation Pénitentiaire situé à Mandrasoa, à proximité de l’aéroport, voisin de l’hôpital psychiatrique et néanmoins au milieu de nulle part, non accessible en bus.

Crée en 1960, à l’usage de détention des prisonniers politiques, il a été réadapté dans les années 90 par l’Union Européenne, pour l’accueil des mineurs. Accompagnées par 2 assistants sociaux de Sentinelle, nous sommes reçues par Madame Eliane, la Directrice du Centre qui nous fait un accueil chaleureux, ravie d’avoir enfin une visite agréable dans son centre! Ce que nous voyons est édifiant ! Le lieu a beau être fermé par un portail de fer, surveillé par un gardien pénitentiaire, le mur du fond est effondré sur deux mètres, n’importe qui peut entrer et sortir. Le lieu est très insécurisant ; le centre a déjà été victime de deux cambriolages par des personnes extérieures, visant l’entrepôt de nourriture déjà bien insuffisant pour le nombre de jeunes hébergés. D’autre part nous apprendrons que plusieurs jeunes du Centre ont été victimes de violence de la part d’un des deux gardiens pénitentiaires, toujours en poste actuellement. En cette période de vacances scolaires, les jeunes sont désœuvrés. Sentinelle organise ce jour un tournoi de foot ; la Directrice nous montre quelques réalisations de maçonnerie et de ferronnerie réalisées par les jeunes sans toutefois nous préciser que les organisateurs de ces activités sont des éducateurs de l’association « Grandir Dignement »que nous rencontrerons demain au « quartier mineurs » de la prison de Tana. Trois dortoirs accueillent actuellement 60 jeunes de 9 à 18 ans dont la durée de placement, judiciaire ou au titre de la Protection de l’Enfance ( !), est de 3 ou 4 ans, selon la décision du Juge des Enfants. La Directrice nous dit avoir négocié avec les juges une diminution des effectifs, de 90 places prévues aux 60 actuelles. Elle ajoute avoir hébergé ici jusqu’à 105 jeunes, sans avoir le nombre de lits nécessaires ni le budget pour les nourrir et les prendre en charge. La Directrice ajoute être obligée de « mendier »de la nourriture à l’extérieur ! Les parents, lorsqu’ils en ont les moyens, peuvent venir chaque weekend voir leurs enfants ; très peu le font au vu de l’inexistence de transports en commun. De même toute urgence médicale ne peut être assurée, les véhicules de Services agonisant sur le parking du Centre. Les mineurs sont scolarisés sur place, beaucoup sont illettrés ; deux enseignants dont un en arrêt médical interviennent, payés par l’Etat. Une infirmerie conséquente et bien entretenue accueille un infirmier titulaire, aussi enseignant en hygiène et éducation à la sexualité. Une bibliothèque, fournie par Sentinelle est la plus belle pièce de la maison ; elle contient des livres de la bibliothèque verte, rose, rouge et or, quelques livres malgaches, des journaux et rien de scolaire et périscolaire. Nous nous sommes engagées à faire parvenir à Madame Eliane, la Directrice, un lot de livres à usage des profs, d’encyclopédie et dictionnaires que nous essayerons d’acheminer la prochaine fois. Nous relevons pour cette visite le manque de sécurité, pour les jeunes et pour le personnel. Outre un mur d’enceinte en partie effondré, l’électricité est défaillante, surtout la nuit bien sûr. Aucun projecteur n’est installé pour la surveillance. Trois éducateurs sont enfermés la nuit avec les jeunes dans les dortoirs sans d’autre possibilité d’alerte que des cris censés être entendus par la Directrice et le gardien qui habitent à 100m ! Toute urgence médicale de jour et surtout de nuit, ne peut être assurée ! Nous repartons plutôt désemparées, voire inquiètes et nous apercevrons que nos sentiments sont largement partagés par nos collègues locaux. Après-midi plus décontractée : orange, cyber, tirages photos à remettre à nos partenaires locaux, rédaction.

4/09/13 : Visite aux femmes et mineures enceintes et/ou avec enfants à la prison de Tana, accompagnées de Pp et de Boamy, assistante sociale. Dans l’aile qui leur est réservée vivent 26 mères et leurs 27 enfants. Seules deux mineures sont incarcérées ce jour; toutes celles que nous avions rencontrées l’an passé ont été libérées dont une relaxée à son jugement après 2 ans de détention préventive. Les AS réunissent les mères et bébés dans la nurserie et nous leur remettons le matériel éducatif collecté. Succès garanti, chants et discours de remerciement, en français, par une détenue. Nous avons pu faire des photos de chaque mère avec son enfant, que Sentinelle leur remettra. Depuis six mois, Sentinelle réussit à donner à manger une fois par jour à toutes les femmes incarcérées e la prison de Tana. Elle assure aussi 3 fois par semaine le passage d’un médecin pour un an, l’Etat étant censé prendre le relais au-delà de ce délai. Sentinelle a aussi créé un nouvel atelier qui accueille les mamans par groupe de dix et dispense des cours d’instruction civique, éducation sanitaire, puériculture, approche mère-enfant, couture, cuisine, alphabétisation et travail manuel diversifié. Dans les dortoirs, très propres chez les femmes, peu de punaises mais toujours des rats : dératisation et désinsectisation ont lieu deux fois par an. Les femmes nous ont demandé une aide précise : leur fournir 2 pots de chambre, 2 cuvettes et 2 seaux pour l’hygiène de nuit, les dortoirs étant fermés sans sanitaires. Nous prenons la décision de les faire acheter et acheminer par Sentinelle.

Passage ensuite au quartier des mineurs garçons où nous avons rendez-vous avec Grandir Dignement. Nous rencontrons Hélène, la fondatrice et deux éducateurs de GD qui interviennent à temps plein en maison d’arrêt. Le quartier est très bien aménagé et décoré (fresques murales, peintures gaies, salles de classe équipées). Grandir Dignement a été fondé par un couple d’éducateurs, Hélène et David, en 2010 après deux ans de fonctionnement en tant que volontaires de la Délégation Générale Catholique. Le projet est la prise en charge des mineurs garçons incarcérés à Madagascar. On en dénombre actuellement environ 300 sur toute l’île. Au vu des résultats de leurs actions, l’Ambassade de France a subventionné l’agrandissement de 90 m2 du quartier mineur avec l’aménagement d’un terrain de sport, a fourni du matériel scolaire et de loisir, payé l’artiste qui a dessiné les (très belles) fresques que les jeunes ont peint. France volontaires Réunion met depuis 2011 à disposition 6 éducateurs malgaches salariés par le Conseil Général de la Réunion. L’Union Européenne a aussi accepté leur projet et alloué une subvention conséquente. L’association n’intervient que dans les quartiers mineurs qui disposent d’un Centre de Rééducation Pénitentiaire. Elle intervient à Tana pour 200 mineurs, prochainement à Diego Suarez pour 50 mineurs. Les 50 autres sont en brousse et leur suivi sera organisé en réseau. Les réalisations de GD sont à saluer. Au quartier des mineurs garçons de la prison de Tana : goudronnage de la cour, réaménagement des toilettes, embauche d’une cuisinière, aménagement d’une infirmerie avec poste d’infirmière subventionné par un mécène lequel offre aussi les 2 repas quotidiens via son ONG, etc. Chaque arrivant bénéficie d’un bilan de santé complet, HIV inclus. Un médecin malgache intervient bénévolement une fois par semaine, ce qui apparait d’autant plus utile que 40% des faits commis par les mineurs relèvent de délits sexuels. GD assure l’organisation et la vie scolaire, l’animation socio-culturelle, le sport. GD a permis la réalisation de spectacles joués dans l’enceinte de la prison auxquels ont pu assister des membres de différentes associations. Au Centre Pénitentiaire de Mandrasoa, GD a embauché une Assistante Sociale malgache chargée d’accompagner les mineurs et leurs familles au Tribunal pour enfants, porteuse d’une enquête sociale conséquente et des propositions de libération. L’efficacité de cette mission a fait sensiblement baisser les effectifs de la prison. De plus, GD dispense de la formation professionnelle en bâtiment et ferronnerie avec du personnel compétent, rémunéré par l’association. L’objectif prochain de GD est de proposer aux magistrats la mise en œuvre de mesures alternatives à l’incarcération des mineurs. Nous savons les Juges des Enfants très intéressés ; les dispositions juridiques existent dans le code pénal malgache mais ne sont pas appliquées faute de moyens et de personnel. Nous sommes sollicitées par l’association pour expliciter le panel des mesures existantes que nous utilisions en France. Nous avons convenu d’utiliser cet espace pour réunir tous nos partenaires sur place qui, de près ou de loin, sont concernés par la question de l’enfance délinquante ou en danger : Sentinelle, Bons Pasteurs, BSF, Manda-Spring, Tiana, ex avocate actuellement à l’Ecole de la Magistrature de Tana, etc. Chacun s’est dit ravi de l’initiative.

A l’issue de cette dense matinée, nous sommes invitées à déjeuner dans une « famille d’accueil » de Sentinelle, le Centre FAFE, à 18km de Tana. Là sont accueillis une vingtaine d’enfants, de 3 à 18 ans, encadrés par trois éducateurs (nuit et jour) et une maitresse de maison. Les enfants sont soit des cas sociaux, soit des enfants en convalescence postopératoire avant de rejoindre leur domicile, soit des jeunes défavorisés dont les familles connaissent temporairement une situation difficile. L’ambiance y est chaleureuse, détendue malgré des conditions de vie un peu spartiates. La structure est parfaitement intégrée dans le tissu social local.

Pour finir cette journée intense, l’association AÏNA qui a son centre d’accueil à 3km de là, nous attend à 15h. Cette association réunionnaise est connue de Denise qui a assisté l’an passé à leur pique-nique solidaire à La Réunion où elle est très cotée et soutenue. Les deux fondatrices, Isabelle Boursier et Nathalie Charbonnier sont franco-malgaches et ont fondé à Madagascar en 2008 un centre d’accueil d’enfants orphelins ou dont les familles ne peuvent pas s’occuper puis 2 crèches solidaires, une à Tananarive, quartier 67 ha et une en brousse. L’association a obtenu rapidement l’accord de siège à Madagascar. Ce projet a reçu le 1er prix de la Fondation Air France en 2012. La Fondation poursuit son soutien en 2013 de façon importante. Nous sommes reçues par Erwan Desneuf, Directeur de ce Centre qui comprend une pouponnière accueillant 7 enfants de 6 mois à 7 ans dont certains peuvent devenir adoptables et un foyer accueillant 47 enfants de 6 à 17 ans. Tous ces enfants sont placés par les juges des enfants. Le Centre est agrée à l’adoption par les autorités malgaches. Le Ministère de la population essaie de régulariser et d’assainir la situation de l’adoption, au vu des abus antérieurs. Le travail d’AÏNA est de rendre administrativement les enfants adoptables et de les préparer psychologiquement à un changement de vie. AÏNA a inventé le « Livre de vie »de l’enfant adopté : c’est la trace de la vie de l’enfant à la pouponnière, là où il a été aimé, choyé, les témoignages de son histoire à lui, de son évolution, de sa vie affective, etc. L’Ambassade de France, très intéressée par cette réalisation, va l’éditer pour tous les orphelinats malgaches. Erwan nous précise qu’à Madagascar, l’adoption simple n’existe que si le couple adoptant est malgache. Pour les étrangers, il ne peut s’agir que d’adoption plénière. Les dossiers d’adoption sont traités conjointement par le Ministère de la Population malgache et la DDASS française. Les candidats à l’adoption internationale doivent au préalable avoir reçu l’agrément des autorités françaises, puis c’est le Ministère de la Population malgache qui choisit d’attribuer tel ou tel enfant à telle famille, en contactant le Centre AÏNA, entre autres, à qui il peut demander un avis consultatif ; En aucun cas le Centre AÏNA décide du choix des parents adoptants ni de la sélection de l’enfant. Madagascar est citée en exemple car elle favorise l’adoption de fratrie et d’enfant malade ou handicapé.

Au foyer, les 47 enfants, bénéficient de scolarité, loisirs, hébergement, etc. dans des conditions de confort et d’encadrement assez exceptionnels pour Madagascar. La sous-directrice ajoute avoir mis en place une éducation à la sexualité, largement utile ici et encore taboue. A ce propos, AÏNA a passé une convention de partenariat avec les Editions de la Jeunesse Malgaches qui leur fournit la documentation nécessaire. Si les cadres d’AÏNA sont réunionnais, le personnel éducatif, social et technique est malgache. Tous les personnels sont rémunérés par le Conseil Général de La Réunion. Un certain nombre de jeunes volontaires et Service Civique, essentiellement réunionnais, est accueilli chaque année, toujours aux frais du CG de La Réunion, pour renforcer les équipes de travail.

Les crèches solidaires ont été créées après le Centre, pour répondre à la carence de prise en charge des jeunes mères mineures, pour la plupart exclues de leur famille. Les crèches permettent d’accueillir les petits en journée ainsi les jeunes mères peuvent soit travailler, soit suivre une scolarité ou une formation sur place. Celle de Isotry est en ville dans une zone exposée, celle de Lanière est en brousse ; toutes deux bénéficient d’un accompagnement psychologique, juridique et social.

Au niveau financier, AÏNA ne reçoit aucun budget de l’Etat français ou de l’Etat malgache. Outre les subventions qui s’amenuisent, l’association est très active dans la recherche de parrainage d’enfants et de parrainage associatif, essentiellement à La Réunion.

Notre visite se termine à la bibliothèque du Centre, très bien achalandée. Informant Erwan de la carence en livres scolaires du Centre de Rééducation Pénitentiaire de Mandrasoa, le Directeur propose de lui-même de faire du tri dans son stock et de donner à Sentinelle un lot de manuels scolaires, dictionnaires et encyclopédie. En contrepartie, nous les mettrons en contact avec Michel et Karine Drexler (Conjoint et fille de Denise) pour récupérer des livres scolaires à usage des enseignants déjà collectés à La Réunion, d’autant qu’AÏNA n’a pas de souci d’acheminement de matériel. Boamy, l’AS de Sentinelle qui nous accompagne et Erwan de AÏNA sont enchantés de ces opportunités. AÏNA : www.aina-enfance.org

5/09/13 : Un Assistant social de Sentinelle nous emmène ce matin visiter le Centre de DON BOSCO, Notre Dame de Clairvaux. Ce Centre est financé par la congrégation salésienne siégeant à Rome. Don Bosco a d’autres structures en province. A Tananarive, le centre est situé à Ivato, près de l’aéroport ; il dispose d’un espace de 14 ha sur lequel sont répartis tous les ateliers de formation professionnelle : agriculture, élevage, aquaculture, apiculture puis la maçonnerie, le bois, la ferronnerie, l’aluminium et depuis peu un atelier mécanique auto et matériel agricole. L’enseignement scolaire dispose d’un espace informatique, chose rare à Madagascar. Le centre compte 26O élèves, garçons uniquement, de 13 à 18ans, en internat et externat. L’internat accueille d’abord des jeunes en difficultés suivis par des associations ou des familles d’accueil de Protection de l’Enfance qui paient leur scolarité. L’externat accueille des jeunes du quartier, en difficultés ou non. L’essentiel est pour l’Institution la motivation du jeune et sa capacité de mobilisation sur un projet professionnel. En outre, une section dite « primaire »accueille, en demi-pension, des adolescents garçons et filles de 11 à 16 ans qui n’ont jamais été scolarisé et reçoivent ici une formation de base et au-delà de 16 ans, d’un accès à la formation professionnelle. Ils bénéficient pour 1000 Ar par mois de contribution de deux repas par jour. Un Bâtiment autonome leur est attribué sur le site. A l’entrée du Centre, dans la maison du gardien sont accueillis le temps d’une formation technique accélérée en bâtiment, 8 grands ados ou jeunes adultes de très faible niveau scolaire. Ce groupe est autonome.

Pour le week-end et les vacances scolaires, le Centre devient Centre de Jeunesse pour les jeunes du village avec au programme : sports, école ménagère, jardinage, musique, etc. ? Tous personnels confondus, le Centre compte 70 personnes assurant le fonctionnement de l’Institution. Leur optique est « travailler pour les jeunes, avec les jeunes ». L’éducation vise à en faire des adultes responsables et compétents. Un bureau d’emploi dans la structure travaille en partenariat avec les employeurs, les entreprises, les sociétés et chaque jeune sort de Don Bosco avec un emploi. Un certain nombre d’entre eux choisissent de rester sur la structure pour encadrer les plus jeunes, d’autres sont invités à s’organiser en coopérative de travail ou de montage de projets. La formation et l’éducation dispensées par DON BOSCO sont réputées, à Madagascar comme ailleurs et bénéficient d’un certain prestige sur le marché de l’emploi. Chaque année, Don Bosco sélectionne 260 jeunes parmi 800 candidatures, toutes ayant fait précédemment l’objet d’une enquête sociale approfondie et d’un rendez-vous d’admission pour s’assurer de la motivation du jeune candidat.

Puis Sentinelle nous emmène au centre-ville, dans le quartier de Isotry, visiter et déjeuner à l’association Energie ou NRJ, Nouveau Relais des Jeunes. Nous sommes reçues par Père Ephrem, co-directeur du Centre. Le père est spiritin, ordre catholique qui a créé, en autres, la Fondation des Apprentis d’Auteuil, laquelle a contribué à la construction d’un des bâtiments. Le financement du Centre est assuré par la congrégation des spiritins auquel s’ajoutent quelques aides privées. Le Centre est édifié sur une zone de marécage qui a été remblayée, petit à petit. Il avoisine un quartier de bidons ville insalubre et surtout régulièrement inondé. Une partie de la structure comprend un gite d’accueil de nuit de 40 places pour garçons de 11 à 17 ans, certains recueillis au cours des maraudes nocturnes organisées par le Centre. Les jeunes sont encadrés par 2 éducateurs dont un de nuit. La journée, ceux qui veulent rester bénéficient d’activités techniques et de loisirs dispensées par des professionnels et des anciens accueillis. Une tentative de rescolarisation est proposée mais difficile à gérer. Une seconde partie du Centre accueille à proximité des jeunes volontaires (effectif de 40 places) en placement plus long ou en placement provisoire à la demande des magistrats. Une enquête sociale est réalisée néanmoins l’autorisation des familles n’est pas indispensable d’autant que ces jeunes –ci sont soit sans parent ou en rupture avec leur famille. Ils reçoivent une préformation professionnelle en maçonnerie, menuiserie, ferronnerie, poterie aussi ; leur niveau scolaire est en général très faible et les stages professionnels dans un réseau d’employeurs sont privilégiés. Dans l’enceinte de la structure, une salle polyvalente est régulièrement louée, à bas prix, aux gens du quartier pour les fêtes familiales (mariages, baptêmes, etc.) Energie, situé dans un des pires quartiers de Tana, réalise un travail éducatif admirable depuis 25 ans et ceci dans des conditions matérielles très précaires. Cette dernière visite nous a quasiment achevées, nous rentrons à l’hôtel fourbues à 16h30. Coucher à 20 h !

6/09/13 : Matinée banque, pharmacie, orange, cyber, etc. puis RV à 15 h avec Tiana, « fille adoptive » de Madeleine Thallin, 74 ans, adhérente et membre actif d’Aimer Vercors. Elle passe chaque année 2 X 2 mois à Madagascar pour assurer la formation pédagogique du personnel d’encadrement des EDS d’Antsirabé et des enseignantes des écoles des Petites sœurs de l’évangile de Tana. Tiana est ex avocate, actuellement élève à l’Ecole de Magistrature de Tana. Elle est très sensible à l’action sociale et humanitaire, donne bénévolement des cours de français aux sœurs de l’évangile ; elle s’est montrée très intéressée par nos actions et nous la mettrons en contact avec notre réseau de professionnels socio-éducatifs.

7/09/13 : Nous retrouvons Tiana à 10h chez les sœurs de l’évangile où nous effectuons des achats pour Anny d’Aimer Vercors. Les sœurs sont encore traumatisées par le cambriolage de leur maison, de nuit, par deux hommes armés qui les ont braquées. La trésorerie a été vidée, la maison retournée, l’une des plus jeunes religieuses est encore sous le choc. C’est la première fois en 25 ans d’existence sur le quartier que des religieuses sont agressées, ce d’autant qu’elles sont unanimement appréciées pour leurs actions sociales et sanitaires. Un mariage est célébré dans leur église pendant notre visite.

Puis nous allons réserver nos billets pour le taxi brousse de lundi direction Brickaville et le canal des Pengalanes.

8/09/13 : Nous emmenons Tiana à la messe du père PEDRO. Le « spectacle »de 3 heures est toujours aussi extraordinaire, le père PEDRO est une rock star ! Arrivées avant 9h, nous avons pu lui dire deux mots et poser avec lui sur les photos. Au moment de la bénédiction et selon la tradition, il a béni les associations présentes dont FVPD. Retour en ville, après-midi repos bien mérité.

9/09/13 : Départ pour les Pengalanes. TETRAKTYS nous avait indiqué leur organisation pour s’y rendre soit : véhicule privé au départ de Tana pour 200 000 Ar jusqu’à Brickaville, puis transfert à Andovoranto dans le bateau personnel du Président de la coopérative pour 80 000 Ar. Nous avons jugé cette proposition trop onéreuse et avons décidé de rejoindre le site par les moyens de transport locaux, comme de simples touristes. Donc nous démarrons à 6h30 pour le Taxi brousse de 8h (il partira en fait une heure plus tard), son agence nous promettant d’être à Brickaville à temps pour prendre le taxi ou bateau brousse en correspondance pour Andovoranto. (Prix du taxi brousse : 15 000 Ar/pers, nous prenons 3 places comme d’habitude).Six heures de bonne route de montagne avec de superbes paysages et nous sommes à Brickaville vers 15h. Las, nous apprenons que le bateau brousse est parti à 11h et qu’il n’y en n’a qu’un par jour. Il n’y a pas davantage de taxi brousse. Seul un véhicule privé nous propose de nous acheminer pour 70 000 Ar, ce que nous déclinons. Seule solution : passer la nuit au Capricorne, seul hôtel de la bourgade, modeste et cher. Fin d’après-midi au bazar, les gens sont sympas avec nous, seules wasas présentes dans ce trou ! On y mange bien tout de même !

10/09/13 et 11/09/13: Arrivée à 9h à l’embarcadère pour un départ à 11h. Déjà les femmes s’installent à bord, entassent leurs paniers et les charges de riz, légumes, les glacières avec blocs de glace destinés à la conservation des poissons. On s’entassera nous aussi (environ 30 personnes plus les charges, 5 000 Ar par pers), à la grande joie des locaux. Le bateau, large barque de fer avec bancs latéraux, couvert d’une bâche plastique de récupération US-AID, souvenir du dernier cyclone, est chargé au point que la ligne de flottaison paraît bien réduite. Le moteur d’à peine 8 chevaux fait un bruit de «mobylette »et nous amènera, en 4 heures » au terme de notre périple, entre canal et lacs. L’ambiance est très sympa, bon enfant, les paysages très jolis. Les berges sont très cultivées : bananes, maïs, riz, légumes, canne à sucre, etc. L’arrivée à Andovoranto est physique : il y a bien un ponton mais beaucoup trop haut pour notre barcasse ! Il faut donc faire les derniers 20 mètres dans l’eau saumâtre jusqu’aux genoux. Nous sommes attendues par Samuel qui nous accompagne à l «écolodge des cocotiers », à 10 mn à pied. En dépit de l’heure avancée (15h30), un bon déjeuner nous attend ; nous avions prévenu Angéline, la gérante du Lodge, de notre arrivée décalée de fait de 24 h. Sur place, TETRAKTYS a construit 6 bâtiments en bambou et toit de chaume, tous très esthétiques et manifestement solides puisqu’ils ont résisté au dernier cyclone de février 2012. Ils sont situés dans un cadre magnifique, en bord de l’Océan Indien (dangereux) à la baignade), sur un terrain bien aménagé. Dans le plus grand des bâtiments sont aménagés la réception, la cuisine, et l’espace privé des gérants. Ce bâtiment est alimenté par 2 capteurs solaires à l’usage de l’éclairage, de l’alimentation du frigo (le seul du village) et d’une série de prises multiples pour le rechargement des téléphones portables des habitants (300 Ar par recharge). Une seconde construction, spacieuse et ouverte, est la salle à manger. Autour, 4 cases confortables avec terrasse privées sont construites avec vue sur l’Océan. Chaque case a son propre capteur qui alimente son éclairage. Après un bref tour au village, nous découvrons la structure en dur devant abriter prochainement la fontaine équipée de ses filtres de potabilisation de l’eau, au centre du village. Au cours des 48h passées dans ce village, nous avons noté un certain nombre de dysfonctionnements dont nous avons fait par à Amandine de TETRAKTYS lors d’un de ses appels téléphoniques. Nous avons rencontré le médecin du dispensaire à 100m de là : selon lui, la salle de consultation dispose d’un matériel et de médicaments en quantité suffisante, fournis par l’Etat. Il nous demande simplement quelques attelles. Le dispensaire assure tous les accouchements de ce village (2 000 personnes) et des alentours et ne dispose d’aucun capteur solaire, ce qui nous paraitrait indispensable… Nous avons rencontré à 2 reprises le Président et vice-Président de la coopérative : selon eux, l’urgence des villageois serait l’achat d’une décortiqueuse de riz, puis de raticide enfin de fourniture de livres scolaires, du CP au BEPC, pour les enseignants et pour les élèves. Ils nous apprennent que les 3 taxis brousse locaux sont en panne depuis 4 mois faute de pouvoir payer les réparations ou de les renouveler. Ils se disent conscients que cela nuit gravement à la fréquentation touristique du site. Ainsi la part du bénéfice dont devrait bénéficier le village est fort réduite voire inexistante pour le moment. – au niveau acheminement : il est décourageant pour un touriste moyen et nous avons pu constater que les rares touristes, essentiellement des malgaches de Tamatave, ne restent que 48h, comme nous. De plus, aucun renseignement fiable n’est disponible, ni à Brickaville et encore moins à Tana. Si l’aller à Andovoranto a été sportif, le retour vers Brickaville est épique : un seul bateau brousse part à 3h du matin avec toutes les femmes qui vont vendre au marché leur cargaison de poissons et crustacés emballés dans les paniers d’osier et les glacières pour les plus privilégiées. Nous en garderons les effluves jusqu’à Tana !

Amandine a entendu nos remarques et nous demande d’en faire un compte rendu écrit pour Tétraktys. Elle devrait venir sur le site en octobre prochain et s’est engagée à acheminer un lot de livres scolaires et de bibliothèque ainsi que les attelles que nous nous sommes engagées à fournir aux écoles et au dispensaire du village.

12/09/13 : Bateau brousse à 3 h jusqu’à Brickaville et Taxi brousse pour Tana prévu à 9h. Miracle, le taxi brousse se transforme en voiture privée, certes une épave ambulante mais qui nous ramènera à bon port. Il est vrai que le chauffeur est un gendarme en congés ! Retour à l’hôtel Niaouli, bien cassées. Visite à Sentinelle pour régler la facture des seaux hygiéniques et des cuvettes fournies aux mères incarcérées et préparation de notre « table ronde» prévue désormais le 19 septembre entre midi et 2, chez Sentinelle où nous comptons offrir un encas (pizzas, bananes) à nos invités. Toutes les associations invitées ont répondu favorablement.

13/09/13 : Démarches diverses en ville, banque, change, marchés, visites aux sœurs des Bons Pasteurs, développement photos etc. Christiane en profite pour buter dans un trottoir et se faire une belle entorse. On trouve un jeune médecin à l’hôtel qui lui fait un bandage adapté…même s’il s’agit d’une obstétricienne bretonne, en stage à l’hôpital de Tana.

14/09/13 : Visite au dispensaire local. Le médecin est très sympa ; il diagnostique l’entorse et ordonne le remède souverain : l’anti-inflammatoire ! Le VOLTFAST est redoutablement efficace. La douleur disparait en 2h au profit d’un point au foie. Il faut savoir ce que l’on veut ! La boîte de 9 sachets profitera aussi à la réceptionniste de l’hôtel qui a chuté dans ses escaliers et à notre amie Pp de Sentinelle pour son mal de dos chronique. Après-midi calme.

15/09/13 : repos bien mérité et préparation de notre intervention de jeudi prochain, puis rédaction de notre courrier à TETRAKTYS.

16/09/13 : Retour à BSF pour la fin des achats d’Aimer Vercors, puis passage à Corsair pour vérifier notre inscription sur la liste de passagers du 20/09. Pour une fois, le personnel de CORSAIR a été charmant. Au sortir de la Gare, réaménagée depuis en galerie marchande, nous nous battons comme d’habitude avec une nuée de « merdeux » intéressés par nos sacs. Quelques gnons volent… Contacts avec Célia : elle nous invite mercredi à partager la visite du village de la digue avec…le pilote du prochain vol CORSAIR, le nôtre, et sa femme hôtesse sur le même vol !!!

17/09/13 : Rencontre avec Lucas BLUMAN, Directeur de GRANDIR AILLEURS, association de Solidarité Internationale, basé à Antsirabé depuis 2007. Grandir A est à l’origine de l’Organisation de la Société Civile d’Antsirabé pour l’Enfance(OSCAP) qui regroupe 70 petites et moyennes associations qui s’occupent de l’enfance en danger, sur Antsirabé. Les juges des enfants, un représentant du ministère de la Population et d’autres administrations concernées participent à cette instance qui programme des échanges sur la pratique, des séquences de formation continue (Nous sommes déjà sollicitées lors de notre prochaine mission pour intervenir sur le traitement de la délinquance), et des activités de loisir inter-associatif. Les deux plus grosses associations d’Antsirabé, EDS et SOS Village d’enfants n’y participent pas bien que systématiquement invités. L’AFFD y est présente.

Leur projet actuel est la construction d’un Centre Social répondant au besoin de : - soutien social pour les populations venues de brousse et à la rue en ville. – échanges culturels, entre tradition et modernisme, aider les exclus à retrouver une identité (chants, danses traditionnelles et modernes, échanges festifs) - aide médicale : intervention de l’association « Médecins aux pieds nus », spécialistes de l’aromathérapie, avec projet de création d’un laboratoire et d’une « pharmacie verte »offrant des soins à moindre coût grâce aux nombreuses plantes médicinales poussant dans la région. Grandir A forme depuis cette année 60 médecins malgaches à la pratique de l’aromathérapie ; cette formation est agréée par le Ministère de la Santé.

Grandir A est une fédération d’associations dont « Grandir Ailleurs » et « Grandir Aventures », agence de voyages spécialisées dans les voyages solidaires et les séjours jeunes. Ces derniers fonctionnent depuis plusieurs années, proposant 10 jours de chantier solidaire et 10 jours de tourisme. Les bénéfices servent à fiancer « Grandir Ailleurs ». www.grandiraventure.com et www.grandirailleurs.org

18/09/13 : Célia nous prend à 9h avec Gino, le chauffeur et le véhicule d’AEROPARTAGE et nous allons à l’hôtel CARLTON chercher nos pilote et hôtesse. Gino prend cette fois l’ancienne route de la digue, autrefois Avenue Royale et longée d’arbres de part et d’autre. Aujourd’hui, le chemin est défoncé, bordé de décharges à ciel ouvert que des familles entières sont en train de fouiller, trier. Ces déchets, dont certain apparemment toxiques, sont déposés sauvagement par des sociétés et entreprises, sans réaction aucune des autorités. Nous sommes impressionnés ! Au village de la digue, le bâtiment du collège est terminé : le toit est refait, trois salles de classe ont été réaménagées. Hélas le bâtiment des toilettes refait depuis 2 ans, a subi un effondrement de terrain. Des tractations sont en cours entre le Maire et son frère, patron de l’entreprise de construction…. En revanche, à l’école primaire, le bâtiment des toilettes payé par FVPD est bien debout, peint de couleur, fonctionnel. La maison de vie a été cambriolée pour la 1ère fois, en plein jour, par des enfants du village. Plainte n’est pas encore déposée, les parents s’étant engagés à réparer les dégâts et rembourser le matériel volé (ustensiles de cuisine et matériel de sport). Comme Célia et Marylène, présente à Tana la semaine dernière, nous pensons indispensable que toutes les ouvertures du rez-de-chaussée soient sécurisées par des grilles en fer. De plus, des hommes armés ont récemment attaqué des villages voisins, violé des femmes, volé des biens. Les villageois ont riposté et tué certains assaillants. L’affaire a défrayé la chronique. Le toit du préau est achevé, les scolaires peuvent désormais déjeuner à l’abri. L’école reprend le 7 octobre : Célia fait des haltes auprès des enfants rencontrés et des mères au travail pour les inciter à s’inscrire. La plupart des enfants travaillent depuis le début des vacances (portage de briques, garde des animaux, etc.) pour payer leurs cahiers. Il leur en faut 20 chacun au collège pour écrire les leçons puisqu’ils n’ont pas de livre scolaire.

Les deux personnels de CORSAIR, Nelly GARDE et Jacques ANTUNES ont été enchantés de venir sur le terrain, se sont engagé à soutenir les actions et à motiver leurs collègues. Ils se sont montrés aussi intéressés par les autres réalisations de FVPD et AEROPARTAGE, ailleurs à Madagascar, notamment à Antsirabé (spiruline, site aquacole, l’opération « machines à coudre », etc.). Ils s’engagent aussi à bien s’occuper de nous lors du vol retour ; nous sommes ravies et rassurées.

19/09/13 : Dès 9h nous sommes sur place à Sentinelle pour préparer la salle et notre intervention. Pp est touchée que toutes les associations invitées, religieuses et laïques, soient présentes. 25 personnes représentent : Grandir Dignement, Les Bons Pasteurs, Nouveau Relais des Jeunes, Manda Spring, Bazar Sans Frontière, AÏNA, Don Bosco et Sentinelle bien sûr, l’hôte de la rencontre. La présentation du fonctionnement de la Justice des mineurs en France par Christiane a été applaudie, les propositions de mise en place de mesures alternatives à l’incarcération ont été appréciées parce que réalisables à Madagascar, même dans le contexte actuel. Le petit casse-croûte (pizzas, bananes, coca) offert au nom de FVPD a été le bienvenu d’autant que les échanges professionnels se sont poursuivis jusqu’à 15h. Fin d’après-midi, bouclage de valises puis nous sommes invitées à diner chez Gino, le chauffeur d’Aéropartage qui habite dans le quartier ; soirée très sympa avec sa famille, les enfants, les cousins en vacances.

20/09/13 : Nous sommes à 6h30 à l’aéroport. Nous avons dû nous acquitter de la dernière « taxe sécurité » de 37 500 Ar, annoncée supprimée par les journaux de la veille. Hélas, le décret sera effectif à compter du lendemain. Aucune négociation possible, même les malgaches ont dû raquer, en râlant plus fort que nous. Nos bagages sont embarqués, c’est bon signe. Nous croisons le staff CORSAIR qui nous promet d’essayer de nous surclasser. A bord, Jacques Antunes vient nous chercher et nous installe aux 1ers sièges du grand large : la classe ! L’équipage a été aux petits soins pendant tout le vol ; du coup, nous achevons notre compte rendu en buvant du champagne, c’est comme ça que nous aimons voyager.

Quelques points de réflexion :

Une mission longue, c’est deux fois le boulot de 2 missions plus courtes, voire davantage ! Les gens de terrain étaient plus disponibles du fait de la période de vacances scolaires. Les associations rencontrées ont toutes leurs propres sources de financement. Elles peuvent demander des aides extérieures ponctuelles, financières ou non. Elles sont surtout demandeuses d’échanges d’expériences autour de la prise en charge d’enfants difficiles et d’information dans les domaines du judiciaire et de la rééducation. A ce propos, elles apprécient nos connaissances et notre longue pratique à la Protection Judiciaire de la Jeunesse française. Le Code Pénal malgache a été rédigé par la France, les dispositions juridiques en sont les mêmes à l’exception de la peine de mort (jamais appliquée à notre connaissance) et l’incarcération à vie (dès 16 ans pour un mineur). Notre initiative de réunir nos partenaires a déjà donné lieu à des entraides, de livres pour les bibliothèques, d’échanges d’informations sur les possibilités de financement possibles (Conseils Généraux, Fondations diverses, Entreprises Privées, etc.), d’ouverture pour nous sur les possibilités qu’offre La Réunion, en matière de financement de projet, de mise à disposition de personnels qualifiés, volontaires ou salariés sur place(Conseil Général essentiellement), de fret et de possibilités d’acheminement de matériel. En France, notre réseau fonctionne aussi plus facilement : échange d’infos avec photos sur l’état d’avancement de leurs projets sur place, sur les conditions de vie, de déplacement, d’hébergement, d’ambiance ; coups de mains ponctuels en France lors de manifestations destinées à recueillir des fonds, ventes, concert, arrangements entre associations pour acheter et acheminer l’artisanat, etc.

Le rapport de l’Ambassade de France à Madagascar classant le pays comme zone à risques (sécuritaire, sanitaire, etc.) a été très mal perçu par les malgaches, déjà victimes de la désertion touristique de leur île depuis 5 ans, avec les conséquences que cela suppose. Nous n’avons pas constaté de climat particulier d’insécurité, tout au moins dans nos activités et notre cadre de vie en accord avec les consignes de sécurité, répétées par tous les gens dans la rue. Les gosses pickpocket de la Gare Soroano se sont encore pris quelques mandales, on ne peut pas toujours protéger l’enfance !

Nous avons envoyé un long courrier à Tétraktys pour leur faire part de nos remarques et conseils. Nos critiques ont été bien reçues par tous, notamment Amandine et Raphaël qui partent en mission fin octobre à Madagascar. Nous avons reçu une invitation au salon TOP RESA à Paris où ils tiennent un stand Palestine et présentent leur nouveau projet : Le sentier d’Abraham. www.tetraktys-ong.com . Ils acceptent d’emporter quelques kg supplémentaires en manuels scolaires et attelles pour le dispensaire d’Andovoranto.

Devant la concrétisation rapide des projets de AÏNA, de Grandir Dignement, des EDS, du Père Pedro, …, il nous semble important maintenant de s’intéresser de près aux possibilités qu’offrent le Conseil général et le Conseil Régional de La Réunion, d’autant que Michel et Karine Drexler y vivent et acceptent d’être les relais (exigés) de FVPD sur place. Ils ont déjà collecté, envoyé par des connaissances, des cartons de livres et de vêtements pour des associations locales. Les projets de volontaires et bénévoles sont le plus souvent financés par La Réunion qui a une organisation et un réseau aussi remarquable que ses actions.

L’Î le Sœur a s’est toujours investie dans le soutien à Madagascar … et bien peu pour Mayotte, qui en a pourtant besoin. L’escale de Corsair à PAMANDZI nous invite à imaginer un séjour entre 2 vols, le temps de découvrir la nouvelle configuration de la prise en charge des mineurs depuis que l’île est département français, incluant bon nombre d’associations que Denise a bien connu et d’autres, dont Les Apprentis d’Auteuil qui ont ouvert, entre autres dispositifs, le 1er centre d’hébergement pour les mineurs clandestins.

Nous sommes toujours enthousiasmées par nos missions à Madagascar d’autant que nous commençons enfin à percevoir des avancées, des ouvertures et un potentiel de mobilisation professionnelle intéressant parmi nos partenaires qui reconnaissent la singularité de notre démarche de soutien qui se poursuit à distance toute l’année (merci Skype !).

Ainsi Grandir A sollicite notre présentation des mesures alternatives à la détention et organisera une table ronde interinstitutionnelle à Antsirabé, de même que Grandir Dignement qui ouvre une antenne au quartier des mineurs de la prison de Diego Suarez. Donner de la Formation et de l’Information est encore dans nos compétences !

Denise CASSOURRET Christiane LOPEZ

Tag(s) : #Action des Partenaires
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